Trop c'était trop. Je ne pouvais plus supporter cet éloignement. J'étais trop loin d'elle, mon corps ne le supportait plus, il fallait que je la revois, ne serait-ce qu'un instant. Qu'une envie, qu'un moment. Je voulais la revoir, sentir ses lèvres contre les miennes, son corps froid que je réchaufferait au contact de ma peau brûlante. Merde, j'étais foutu. J'étais complètement dingue d'elle. Alors c'est sans réellement réfléchir que mes pas me guidèrent à sa maison ce soir-là. J'aurais pu simplement la regarder de loin, ne pas lui parler, ne pas la voir. Mais elle savait déjà que j'étais là, elle avait senti ma présence et partir en courant serait déraisonnable à présent. Je ne pouvais pas lui faire ça une nouvelle fois, mais comment lui dire? Comment je pouvais être à la hauteur? Je devais réfléchir plus tard car pour le moment, je ne sentais plus que ses bras autour de mon cou et je l'enlaçais à mon tour, enfouissant ma tête dans son cou. Elle sentait terriblement bon. «Hey, ma jolie.» Je m'écartais ensuite pour lui caresser le visage de ma main gauche et sourire maladroitement. «Tu m'as manqué..» Que pouvais-je dire d'autre? Que cela allait parfaitement bien ? Je me mentirais et lui mentirais également. J'avais souffert énormément et toute cette souffrance vous change un homme. Mais je n'oublierais jamais que j'avais fais tout cela pour elle. Pour ne pas lui faire de mal, plus jamais.

Et c'était le cas. Je ne lui ferais plus de mal, enfin, j'espérais que ce soit bientôt terminé cette souffrance interne, ce mal que je me faisais pour la retrouver au quotidien. Mais je n'en avais pas fini avec cela, même si j'approchais plus de la fin que du début. «Je passais te faire un petit coucou.. Je n'en pouvais plus d'être loin de toi.» Ma main descendit de sa joue jusqu'à ses cheveux avant de l'attirer à moi et de l'embrasser fougueusement. Elle m'avait tellement manqué que je pourrais la dévorer toute entière si elle n'était pas immortelle. Ma belle immortelle, rien qu'à moi. Mes yeux se perdaient dans les siens à chaque instant et je savais que je trouverais la force d'aller jusqu'au bout de mes transformations pour elle, et ce sourire qu'elle affichait en me voyant. Je pourrais soulever des montagnes, hurler toutes les minutes de ma misérable existence si je pouvais la passer à ses cotés.

Je la suivais du regard alors qu'elle s'afférait pour ne pas penser au simple fait que je pourrais repartir aussi vite que j'étais venu, alors je ferais en sorte de ne pas lui parler de cela tout de suite. Je la suis doucement dans la cuisine avant d'arriver derrière elle et de lui murmurer des mots doux à l'oreille pour finir par la mordiller -sans les crocs évidemment- dans le cou. «Pardonne-moi.. Je m'en veux de t'avoir mordu Caroline..» Je m'en mordis la lèvre tellement fort que du sang s'échappa de celle-ci. C'est vrai que je m'en voulais beaucoup et que, de ce fait, je faisais tout pour me racheter et devenir un loup meilleur plutôt qu'au service d'un abruti. Je m'étais rendu compte de cela il y a maintenant bien longtemps mais de toute façon, cela ne changeait rien. Je m'installais et croquait avidement dans ce qu'elle avait préparé. «Je meurs de faim, tu as raison!» Après avoir tout englouti en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je regardais ma tendre et chère dans les yeux. «Je progresse Caroline mais... » Je regardais de nouveau mon assiette. Je ne pouvais pas lui dire que j'avais l'impression de ne pas être à la hauteur, que mes forces m'abandonnaient et que je me sentais ridicule et sous l'emprise de quelqu'un sans pouvoir m'en détacher. J'avais l'impression que j'étais vidé de tout et sans plus aucune force. Je m'en voulais beaucoup, et je ne pouvais lui dire ça. «.. mais rien. Tout va bien. » Je souriais de plus belle avant de me lever de table et de la prendre de nouveau dans mes bras. «Quelles sont les nouvelles? Tu as des nouvelles des filles et du reste? Matt?» Même si je savais que c'était un sujet délicat à aborder, j'avais envie d'avoir des nouvelles de mes amis et cela me changerait surement les idées que de ce destin tragique qui m'attends une fois que j'aurais quitté les lieux et cette maison, que je me retrouverais de nouveau seul dans la forêt, à essayer de contrôler cette transformation, presque en vain. Un soupire s'échappa de ma bouche alors que j'essayais tant bien que mal de dissimuler cette peur d'échouer et cette envie d'être libre de nouveau.

Je ne pouvais me résoudre à la laisser. Son sourire, son attention, son attitude avec moi. Rien n'avait changé. Au fond, elle était toujours cette femme que j'avais aimé follement et que j'aimerai surement encore longtemps. Je ne pouvais simplement pas la laisser. Je la regardais, toujours le sourire aux lèvres alors qu'elle me racontait les vas et viens des gens que nous connaissions, comme si je n'avais rien manqué, comme si j'avais été à ses cotés pendant ce temps. Je ne supportais pas de ne pas être libre, mais mes sentiments pour elle défiaient tout ce que je pouvais penser à cet instant, si bien que mes actes et mes pensées n'étaient plus réellement rationnels. Je souriais doucement en la regardant et après une longue inspiration et un petit silence qui la rendait nerveuse, je me mordis la lèvre en lui répondant. «Tu es adorable...» Je replace alors une mèche de ses cheveux de blé qui retombe sur son épaule. Ma main passe derrière son cou et j'approche son visage du mien avant d'y déposer un baiser doux et passionné. «Je te le promet Caroline. Je ne pourrais jamais te quitter.» Réalité ou mensonge, je ne savais encore rien de l'avenir. Ce que je savais seulement, c'est que j'aurais la force de vaincre cet asservissement pour allr auprès d'elle et la soutenir tout les jours, toutes les heures. Je trouverais cette force, même si elle est dure. Je lui souris faiblement avant de me lever sans la faire tomber. «Je crois que je suis trop fatigué pour réfléchir. On se fait un câlin?» Je montre le canapé de la tête. Son odeur, son rire, son sourire, son attention. Tout m'avait manqué chez elle. Je saute par dessus le canapé et tapote à côté de moi pour qu'elle s'installe au creu de mes bras. Je prends alors le plaid qui se trouvait là et l'embrasse sur le haut de sa tête. «J'aimerais que cet instant reste gravé à jamais. Malheureusement, je devrais repartir demain.. J'ai encore beaucoup de chemin à faire.» Je fis une grimace avant de contenir mes émotions. J'étais surement trop émotif avec elle et cela me rendait plus faible que je ne le pensais. Je ne voulais pas lui faire de la peine et l'idée qu'elle pleure à cause de moi me donnait la nausée.